L’épopée industrielle

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, l’essor de l’activité textile mazamétaine est contrarié par des problèmes d’approvisionnement en matière première. A cette époque, la laine provient exclusivement de la tonte des moutons du Languedoc, de Provence et d’Espagne. Il faut trouver un moyen de surmonter cette difficulté.

C’est ainsi qu’un industriel, Pierre Élie Houlès, a l’idée en 1851, d’importer des peaux de mouton d’Argentine. Quelques années sont nécessaires à la mise au point de la technique originale du ” délainage à l’échauffe ” qui permet pour la première fois de séparer la laine du cuir sans endommager l’une ou l’autre de ces matières.

C’est en partie grâce aux eaux exceptionnellement douces (dépourvues de calcaire) de l’Arnette que le délainage peut se développer dans la région. En effet, le procédé étant entièrement biologique et utilisant la fermentation, une eau calcaire provoquerait un dépôt autour du poil au niveau du pore, empêchant ainsi sa libération.

Dès 1870, les industriels mazamétains installent des comptoirs d’achat de peaux lainées dans les principaux pays producteurs, revendent la laine aux grands centres textiles et les peaux « délainées » aux mégisseries, notamment à Graulhet (Tarn), sous l’appellation « cuirot ».

Dans les années 1880, la crise du textile favorise la reconversion des usines dans le délainage, plus rentable. Les usines de délainage se multiplient si bien qu’en 1912, année record, plus de 32 millions de peaux de mouton sont traitées à Mazamet !

Rapidement, Mazamet devient le centre mondial du délainage : elle est connue dans les principaux pays d’approvisionnement en peaux lainées (Argentine, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Maghreb), et dans les pays acheteurs de laine (Toute l’Europe, États-Unis, Russie). La principale qualité de Mazamet est de pouvoir fournir en très peu de temps tous les types de laines de moutons originaires de l’hémisphère sud.
Vers 1970, cette formidable épopée touche à sa fin, peu à peu supplantée par les fibres synthétiques et la concurrence des pays asiatiques.